Adaptation, BD, littérature italienne, Roman graphique

Rhapsodie en bleu

« Rhapsodie en bleu », A. Serio, Futuropolis

Comme suspendu au silence des nuages, j’ai erré, j’ai déambulé, pendu aux lèvres et à la pointe du crayon léger, virevoltant, virtuose. On demeure interdit comme figé sous le soleil de plomb de l’Italie abîmée dans les affres du fascisme et pourtant si incroyablement belle. Mais la beauté ne suffit pas à ses fils répudiés. Le destin d’un seul de ceux-là puisse-t-il révéler l’immense talent d’Andrea Serio.
Une pure merveille
!

– Frédéric –


Le bleu, c’est celui de l’insouciance de l’été 38, alors que la rhapsodie fait danser les feuillages en clair-obscur sur les sentiers ombragés de Trieste – la persécution des juifs par Mussolini et ses lois raciales n’en est encore qu’à ses prémices. Ensuite le bleu de la mer, pas celle connue et charmante des côtes italiennes, mais celle du large, qui prend à Andrea et ses cousins leur foyer, méconnaissable depuis le paquebot avec lequel ils fuient à New York. Là-bas, dans le Bronx, il y aura le bleu des regards complices, avec des sourires en coin qui vous promettent le monde, et la lumière la plus chaude de la journée : celle du crépuscule. La rhapsodie, comme la mélodie éponyme de Gershwin, y tisse une grande fresque orchestrale américaine qui emportera Andrea, avec l’armée alliée, jusqu’aux pinèdes aux abords d’une Naples en ruines.

Autant d’ambiances formidables magnifiées par les compositions aérées de Serio. Il laisse respirer les couleurs pastel et surtout la lumière qui les traverse, les habite et les sublime ! On pensera d’emblée à Mattotti, mais il y a aussi un peu de Pedrosa (Portugal) dans ces atmosphères et ce traitement subtil du déracinement, et de P-H Gomont/Tabucchi (Pereira Prétend) dans celui non moins délicat de la montée du fascisme…
Flamboyant !

– Nikita –

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